A l’occasion de la Journée de la Non Violence Educative du 30 avril, nous avions l’envie de répondre à cette question :
La violence éducative est-elle naturelle ?
Parce que les chattes donnent parfois des coups de patte à leurs chatons, certains en concluent que le fait de frapper les enfants est naturel (ce qui est déjà différent que de prendre un objet pour taper). En réalité, le coup de patte lui-même n’est pas en usage chez les animaux les plus proches de nous. Ainsi, chez les bonobos, espèce de singes considérés comme les plus proches de l’homme, les mères ne « punissent » pas leurs rejetons. Elles les éloignent simplement d’un danger éventuel. Elles ignorent également le geste de frapper du plat de la main. Si certaines femelles maltraitent leurs petits, plutôt en les négligeant qu’en les malmenant, c’est apparemment, presque toujours, parce qu’elles ont été elles-mêmes abandonnées ou négligées dans leur jeune âge. Le seul cas où les mères interviennent violemment contre leurs propres petits, c’est lorsque ceux-ci, devenus adolescents, presque adultes, importunent leurs frères plus jeunes.
Frapper les enfants n’a donc probablement rien d’instinctif. C’est un comportement humain, culturel, acquis par imitation.
On peut donc supposer que, tant que notre comportement a été assez proche de celui des grands singes, nous n’avons pas plus malmené nos petits que ne le font les bonobos. Mais plus les sociétés humaines ont évolué et ont adopté des comportements éloignés de leurs comportements innés (peut-être en particulier au moment du passage à l’agriculture), plus les hommes ont dû être amenés à imposer des contraintes aux enfants, voire des épreuves douloureuses (rites d’initiation cruels, rites sacrificiels) auxquelles les comportements biologiquement programmés ne les préparaient évidemment pas. Les parents ont dû employer la force et la violence pour faire céder la résistance des enfants.
ll est possible aussi que le passage à la sédentarisation et à l’agriculture ait rapproché considérablement les naissances, les bouillies de céréales et le lait d’animaux domestiqués permettant des sevrages précoces.
Alors qu’on suppose que les naissances chez les préhominiens et les premiers hommes devaient être espacées d’au moins quatre ou cinq ans, elles ont pu ne plus être distantes que de deux ou trois ans dans les sociétés sédentarisées. Ce changement de rythme a pu rendre agressive l’attitude des premiers-nés, encore très dépendants de leur mère, à l’égard des nouveau-nés qui l’accaparaient. D’un autre côté, l’hormone de l’allaitement, la prolactine, a pour effet secondaire de rendre les mères extrêmement sensibles à la moindre agression contre leur nourrisson. Il n’est pas impossible que ce réflexe de défense répondant à toute manifestation de jalousie des aînés soit devenu un usage considéré comme nécessaire pour l’éducation. Dans un second temps, les enfants qui avaient subi ce traitement ont pu le répéter par simple compulsion de répétition sur leurs propres enfants. Le cycle de la violence « éducative » se trouvait ainsi programmé de façon comportementale, dans le cerveau même de tout enfant qui en avait été victime. Puis ce comportement a été théorisé sous forme de proverbes qui ont traversé les siècles et les millénaires. La violence éducative devenait ainsi partie intégrante de la culture.
La violence se transmet donc en cascade des parents aux enfants, de génération en génération, et cela peut durer encore très longtemps. Dans un pays comme la France, il a fallu environ un siècle et demi à deux siècles pour que le seuil de tolérance à la violence éducative s’abaisse de la bastonnade à la gifle et à la fessée.
Nous avançons, car la France a été le le 56e pays a adopté la “loi anti-fessée” le 2 juillet 2019 qui indique désormais que «L’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques».
Effectivement, c’est un sacré changement qui peut être difficile à mettre en place au sein de la famille car nous avons vu que l’éducation traditionnelle est inscrite profondément en nous. Nous avons donc à coeur de vous accompagner sur ce sujet en coaching parental et en atelier pour que vous puissiez y trouver des clés, des pistes de réflexion et des outils à ramener chez vous. Vous trouverez déjà des premières pistes en cliquant ici.